Introduction

Comme l'a dit le compositeur Klaus Huber, la tâche de la composition contemporaine est de poursuivre les questions non résolues du passé et de trouver des réponses valables pour le présent. Même s'il ne faisait pas explicitement référence à Walter Benjamin, la déclaration de Huber peut certainement être comprise dans son sens. Dans l'essai „Sur le concept d'histoire“, Benjamin écrit:

Il n'y a probablement aucun domaine de la musique qui soit autant sujet à être envahi par le conformisme que la musique d'accords. Néanmoins, le piano en tant qu'instrument exige de toute évidence un engagement à ce niveau musical précis. Alors quoi de plus naturel que de relever le défi et d'utiliser l'accord comme matériau de base dans Ombres portées?
 Il y a donc ici une série presque arbitraire d'accords de septième, qui est échantillonnée plusieurs fois. En neuf sections, un rythme alternatif est simultanément arraché à la structure intervallaire, qui est une autre caractéristique de l'ensemble de la composition.
 Les neuf sections forment une forme de ciseaux de plus en plus divergente: les différences de tempi et de densités, de dynamiques et de matériaux sonores, de structures figuratives et rythmiques deviennent de plus en plus grandes - une réflexion sur la condition centrale de notre présent, qui représente en même temps la richesse et le grand problème de notre époque : la polarisation croissante. Des fragments de mémoire y sont intégrés et réapparaissent, qui, avec les accords et les rythmes alternés, constituent un autre pont de liaison dans ce champ de plus en plus hétérogène.
 L'instrument solo apparaît dans certains passages comme un leader, un déterminant ou un contraste, puis il fusionne à nouveau avec l'orchestre et devient une composante sonore de l'ensemble. Ce faisant, il trouve des voisins musicaux dans les instruments de percussion, qui rendent possibles des connexions particulières.